1 - Historique

2 - Les profils ICC en pratique

 

1 - Historique

Reproduire les couleurs de manière fiable a toujours été une des préoccupations majeure des acteurs de la Chaîne Graphique.

C'était le domaine réservé des Chromistes chez les photograveurs, magiciens émérites de la Couleur qui interprétaient les films Noir et Blanc de sélection du temps de la reproduction mécanique, puis les données des valeurs numériques avec l'apparition des scanners à tambour et par la suite des premiers scanners à plat, tout cela tournant sur des PC 286.
On avait le temps de prendre la pause café !

De fait, seuls les systèmes d'épreuvage comme Cromalin, Kodak Approval et autres, permettaient alors un contrôle réputé fiable avant l'impression.

Avec l'apparition des premières solutions de prises de vues numériques au début des années 90, solutions alternatives aux scanners et donc aux chromistes, le problème de la gestion de la Couleur s'est révélée dans toute son ampleur.
C'est le début des premières bidouilles de calibration d'écran, seule méthode pour jauger la colorimétrie et la dynamique de ces fichiers.

C'est en 1993 que s'est constitué l'ICC , l'International Color Consortium, groupement créé par les compagnies Adobe, Agfa, Apple, Kodak, Microsoft, Silicon Graphics, Sun Microsystems et Taligent (fondée en 1992 sur la base d'un partenariat entre IBM et Apple), pour trouver un système universel de gestion de couleur.

L'ICC s'est ensuite élargie avec la participation d'autres sociétés concernées par le sujet.

Le principe des profils ICC repose sur le postulat que tout périphérique informatique, possède son propre système de couleurs primaires qui va caractériser son profil, et applique des équivalences entre eux, selon les espaces colorimétriques mathématiques définis par la CIE, Commission Internationale de l'éclairage.
Pour que ces profils trouvent leur correspondance d'un matériel à l'autre, il fallait un système de gestion de ces profils, utilisant un moteur de conversion d'un profil vers un autre, se basant sur un le CIE xyY ou Lab.

Ce n'est qu'en 1998 que leur application voit le jour dans la chaîne graphique avec l'apparition d'une architecture de gestion de la Couleur chez Apple, ColorSync 2.5, fonctionnant sous Mac OS 7.6.

Pour la petite histoire, j'avais mis sur pied en 1997 une Intersyndicale Arts Graphiques dans le but de définir un protocole d'échange des fichiers RVB sur l'ensemble de la chaîne graphique, à l'époque, aucune communication des travaux de l'ICC ne nous était parvenu.

Nous avions communiqué un Dossier de Presse sur nos travaux en 1998, ainsi qu'un communiqué sur le Tiff IT et ColorSync qui venait de paraître.

En voici la liste des participants :
- FETEC, fédération européenne des techniciens de l'édition et de la communication,
- SICOGIF, syndicat national des industries de la communication graphique et de l'imprimerie française,
- FICG, fédération de l'imprimerie et de la communication graphique,
- UPC, union des photographes créateurs,
- GNLPI, groupement national des laboratoires professionnels d'image,
- SNG, syndicat national des graphistes,
- SNAPIG, syndicat national des agences photographiques d'illustration générale,
- Ecole Louis Lumière, Ecole des Gobelins, Ecole des Richardets.


2 - Les profils ICC en pratique :

Ce petit exposé n'est qu'un survol de ces principaux principes d'applications.

Dans le principe, on va définir les caractéristiques colorimétriques et dynamiques d'un fichier image, issu d'une prise de vue numérique ou d'un scanner, par un profil ICC que l'on va encapsuler dans ce fichier.

Pour que cette carte d'identité soit universelle, on va lui attribuer le profil d'un espace de travail (ou le convertir dans cet espace de travail si son profil caractérisant est reconductible), donc celui d'un espace couleur précis et reconnu par l'ensemble des logiciels et matériels de la chaîne graphique.
Cela va permettre, en théorie, de reproduire de manière fiable ses propres caractéristiques sur n'importe quelle autre chaîne graphique calibrée avec des profils ICC.

Un espace de travail est un espace colorimétrique applicatif, dit encore dépendant.
Il décrit un espace colorimétrique précis, mais plus restreint qu'un espace colorimétrique théorique défini par la CIE.

Ils sont déterminés par l'ICC, et définissent des modèles de reproduction, donc liés aux caractéristiques des outils et des méthodes employées.

On utilise aussi le terme de gamut pour désigner un tel sous-ensemble.
Un espace de travail, ou la caractérisation spectrale d'un périphérique donné, est un gamut.

Le gamut de l'espace Srvb, destiné à Internet, est plus restreint qu'un gamut classique pour l'image comme Adobe RVB ou Colormatch.
Un gamut CMJN sera encore plus restreint, ce qui implique que certaines couleurs en RVB ne sont pas reproductibles dans ce gamut CMJN.

On choisi un espace de travail en fonction de son flux de production, ainsi un photographe choisira un espace de travail en RVB, un imprimeur en CMJN.

En théorie, c'est l'ensemble des outils que l'on utilise qui doivent être étalonnés, donc en amont les scanners et appareils de prises de vues, et en aval, les outils d'impression.

Dans la pratique, le profil d'un scanner est possible par la régularité de ses conditions d'analyses, donc une image scannée sera facilement caractérisée par un profil ICC.

Par contre, en prise de vue, la problématique est beaucoup plus complexe car elle présente une multitude de conditions d'acquisition différentes.
Les variables sont trop nombreuses, en premier lieu les conditions d'éclairage, où déjà en studio, les possibilités sont immenses, mais aussi l'objectif, le diaphragme utilisé, si le café était assez serré,...

La seule solution envisageable dans ce cas reste la validation sur un écran parfaitement calibré pour pouvoir l'enregistrer avec un profil déterminé.

L'écran est donc le périphérique le plus important à calibrer, et il devra l'être de manière régulière, car ses caractéristiques physiques seront amenées à évoluer dans le temps (baisse du contraste, de la luminosité et modification du rendu des couleurs).

ColorSync va alors lire les caractéristiques du fichier image via son profil embarqué et adapter le rendu de cette image, en fonction du périphérique utilisé, pour :
simuler l'affichage du fichier image sur l'écran dans cet espace de travail,
simuler son rendu sur l'écran pour tel périphérique de sortie,
le convertir vers le gamut d'un périphérique de sortie (imprimante photo ou Offset, par exemple).

On parle de simulation pour l'affichage sur un écran, le moteur de gestion de couleur tient compte des caractéristiques du moniteur, définies par son profil, pour modifier les valeurs d'affichage de l'image, mais pas ses valeurs réelles.

Par contre, pour une impression, on réalisera une conversion de profil d'image vers un profil de sortie, dans ce cas, on a bien une modification des valeurs réelles de l'image pour les adapter au gamut de l'imprimante, donné pour un couple encres-papier précis.

Ce dernier point est valable pour une imprimante photo, mais aussi pour l'impression Offset par des profils ICC d'espace de travail CMJN spécifiques selon le papier et la zone géographique (Europe, USA, Japon).

En quadrichromie, les solutions les plus précises sont obtenues par l'application du profil spécifique de telle presse chez tel imprimeur sur tel type de papier.